Je traversai la route, vous n'eûtes pas de doute Sur mon identité. Il faisait déjà sombre Quand je surgis de l'ombre pour vite y retourner. Une minute à peine suffira pour bien voir Mon habit presque noir et surtout des patterns Qui me distinguent bien du renard ou du chien, Du blaireau, ce lourdaud, de la loutre des eaux Ou du raton laveur avec qui je partage Pour les bêtes qui nagent, qui ont tant de saveur, Un goût immodéré, un appétit sans faim, Une soif dévorante, un désir boulimique, Une envie insatiable d'inviter à ma table, L'insecte qui dytique, l'écrevisse qui hante Sur les sédiments fins les ruisseaux non pollués, La grenouille mouillée, le crapaud pustulé, Le triton dans la mare, à défaut les gammares. Je ne suis pas encore décrit en Vivarais. Pour cela, il faudrait que l'on m'y trouve mort, Puisque pour m'observer, il faut être nocturne. L'homme, à ce que je sais, la nuit dort dans sa turne. Faudrait également qu'il sache que j'existe, Qu'il y a quarante ans, je quittai les marxistes Et leurs pays à l'est pour voir les Allemands Et de là, doucement, enfin passer à l'Ouest, Toujours incognito, ou sinon aussitôt, Se lèvent des séides et des meutes de chiens, Téméraires, intrépides, qui accusent les miens De tuer les léporides et dans l'instant, décident Qu'il faut qu'on me trucide, m'éradique, génocide Et justifient aussi qu'on me chasse tous les jours, À l'affût ou à courre… _______________Hum ! S'il me reste les nuits !
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