Une cabane en planches, souvenir de la guerre Et d'une bombe, qu'un lundi, les Allemands lâchèrent, Abritait de la pluie et du froid, une clocharde Qu'on appelait Titine… ___________________C'était une soûlarde ! Elle sentait si mauvais que lorsque, d'aventure, Il lui fallait du vin, plus rarement du pain, Elle tapait avec rage contre les devantures… Et la laisser rentrer, c'était le haut de cœur Assuré, sur l'instant et la mort par stupeur. Personne n'aurait songé à lui donner un bain ! Elle buvait sa pension en moins d'une semaine. Mais vous étiez gamin. La tragédie humaine Vous échappait un peu, sinon totalement. Titine vous faisait peur quand il fallait pourtant Passer devant sa porte dans la rue du Bignon Et rapporter du lait qu'on vidait du bidon Dans le pot en alu que vous faisiez tourner, Très vite, au bout du bras, sans même en renverser. Mais un beau soir, pourtant, par sa porte entrouverte, Vous la vites allongée sous sa chaise renversée. Vous fîtes, à votre père, part de la découverte, Lequel et le voisin, partirent la recoucher. Mais Titine était morte et déjà refroidie. À peine furent-ils entrés qu'ils étaient ressortis Nous étions des millions couvrant tout le plancher Et par la porte ouverte, en nappe, on s'écoulait… Ça dura des minutes, le temps qu'on s'évapore, Qu'on pique le voisin sur chacun de ses pores. Il fut bientôt tout nu et voulu qu'on l'arrose De poudre DDT, ce, jusqu'à l'overdose ! Vous ne sûtes jamais ce que l'on fit après… Voilà, jusqu'au cimetière, nous nous rendîmes à pied Et rejoignîmes Titine dans la fosse commune… Pas une fleur fut offerte… Pas même par la commune !
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