Je n'aime pas trop ce qui me tombe du ciel, La pluie, la neige, la grêle qui me glacent les os, Quand ce n'est pas la merde lâchée par les oiseaux… Ces météores-là ne font pas d'arc-en-ciel ! Je préfère les fragrances qui s'échappent du sol, Quand l'actinomycète lâche ses métaboles Qui donnent aux humus des odeurs de girolle Ou la senteur des fleurs qui fuit de leurs corolles, Les essences terpéniques de thymol, de menthol Ou celles, résineuses, des grands pins parasols Et les térébenthines (qui sentent un peu la colle) Des pistachiers qui poussent avec l'ail rocambole, L'astringence que me fait la graine carambole Quand je suis enrhumée ou quand je me sens molle. Mais maintenant partout où que j'aille et survole Les pâquis et les glèbes, les terres agricoles, Ça sent le purin qui s'écoule des rigoles Et l'alcool au-dessus des régions viticoles. Partout, toutes les mers se couvrent de pétrole, Les usines dégueulent de noires fumerolles Qui déversent en pluies, acides et vitriols Qui brûlent les forêts et même les scaroles, Que, si vous en mangez, mourrez d'extrasystole Et serez gardé dans un bocal de formol. Tout cela parce que vous tomberaient du ciel Des présidents élus, dessus le paletot, Qui disent l'écologie, bien sûr, c'est essentiel, Mais n'interdisent pas la vente du Gaucho®. Tant pis si dans les ruches décèdent les abeilles ! Si les patrons vous mangent la laine sur le dos, Ô peuple des pâtures, qu'ils jouent à la corbeille Oubliant les promesses qu'ils firent à Rio, S'il en est encore temps, remonte ton réveil, Entend-le quand il sonne, t'es pas sourd comme un pot ! L'oie rieuse (Anser albifrons) / 2 mai 2002__________
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